La tempête

La construction est autorisée. Les premiers acheteurs signent pour une livraison au premier trimestre 1975. Après avoir livré au CETI des bureaux flambant neufs, le promoteur peut enfin se consacrer aux travaux du projet.
Ceux-ci avancent rapidement.
Mais voilà, des constructions hautes de presque 20 étages en rive du canal Saint-Martin ne s’inscrivent pas vraiment dans la silhouette urbaine, même si le quartier est en pleine mutation.
D’autant plus que depuis l’abandon en 1971 du projet de transformation du canal, déserté par les péniches, en voirie rapide Nord-Sud, l’objectif est de conforter le caractère singulier et attachant d’un site urbain où biefs d’écluses bordés de squares, passerelles élégantes et lourds ponts-tournants animent un quartier encore industrieux.
La toute jeune association SOS Paris qui s’est donné la mission de préserver le patrimoine architectural de Paris, son environnement et le cadre de vie des Parisiens, s’insurge. Dès le permis de construire délivré elle l’attaque estimant que les nombreuses dérogations aux règles d’urbanisme accordées n’étaient pas justifiées. Déboutée le 28 juin 1974 par le tribunal administratif de Paris qui lui oppose une fin de non recevoir, elle a fait appel devant le Conseil d’Etat. Et celui-ci, le 26 mai 1976, annule totalement le permis de construire.
Au moment où les trois premiers bâtiments terminés, les appartements livrés, les premiers habitants viennent d’emménager.
Les travaux sont arrêtés : le promoteur doit obtenir une autorisation exceptionnelle pour fermer les sous-sols afin d’éviter que la pluie les inonde. Mais plus question de poursuivre la construction des bâtiments prévus à l’Est et au Sud de la parcelle. A vrai dire, si un permis n’est pas rétabli, il faudra détruire les bâtiments déjà construits.
Voir l’article du journal Le Monde du 12 juillet 1979 (réservé aux abonnés)